Le 26 juillet 1944, le Gouvernement Polonais en Exil autorisa le Général Bór-Komorowski et le délégué de l’intérieur – J. S. Jankowski de commencer l'action armée pour libérer Varsovie. Les radios soviétiques demandaient aussi un soulèvement. Avec nouvelles des forces soviétiques à l'approche de la ville, le Général Bór-Komorowski Général donna l'ordre du soulèvement le 31 juillet 1944. Cet ordre a été donné au Colonel Antoni Chrusciel (pseudonyme: "Monter") qui publia le planning du soulèvement pour commencer à 17 heures, le 1er août 1944.
Les forces de l'Armée de l’Intérieur du District de Varsovie comptèrent approximativement 50,000 soldats dont 23,000 étaient prêts au combat. Leur force de frappe le 1er août était la suivante: mille fusils, 300 pistolets automatiques, 60 mitrailleuses, 7 pistolets mitrailleurs, 35 pistolets antichar et bazookas PIAT, 1700 pistolets, et 25 000 grenades. Au cours des combats ultérieurs plusieurs armes ont été obtenues après des crashs et par la capture de l'ennemi (incluant plusieurs véhicules restaurés). Ainsi, les ateliers des insurgés étaient occupés à produire pendant ce temps: 300 pistolets automatiques, 150 lance-flammes, 40 000 grenades, plusieurs mortiers et bazookas, et même une voiture restaurée.
Au cours du combat contre les Allemands, des détachements des formations de résistance polonaises plus modestes se sont jointes. Elles provenaient principalement de l’Armée Populaire, la Garde Populaire, les Corps de la Sécurité et les Forces Nationales Armées, soit un total de 1700 individus.
|
Carte 1: Varsovie - 5.VIII.1944 r.
La place du 5 août 1944t: Point culminant du contrôle de Varsovie par les insurgés
Source:
Armia Krajowa w Dokumentach, Vol. IV. Londres 1977
|
Les forces allemandes sur la rive gauche de la Vistule représentaient 15 à 16,000 hommes, avec initialement approximativement une garnison de 10 à 11,000 hommes aux ordres du Général Stahel. Le premier jour du Soulèvement, les Polonais réussirent à prendre une partie considérable de la rive gauche de Varsovie mais les tentatives pour prendre les ponts sont restées vaines. La lutte sur la rive droite faiblissait le 2 août. L'avancée territoriale maximale de l’insurrection fut atteinte le 5 août 1944, (voir Carte 1), alors que les renforts allemands avançaient.
Les grands renforts allemands arrivèrent déjà le 3 et 4 août (plusieurs milliers d’agents de police et SS). Le Reichsfuehrer SS Himmler publia l'ordre suivant: «Chaque habitant devrait être tué, aucuns prisonniers ne seront fait. Varsovie sera rasée jusqu’au sol et ainsi la totalité de l'Europe aura un exemple terrifiant.»
Le premier objectif des Allemands était de parcourir les rues d'est en ouest à travers la ville vers les ponts de la Vistule, et par la suite, fermer et détruire les régions insurgées. En particulier celles qui étaient accostées à la rivière. Un coup allemand a été délivré le 5 et 6 août de la direction du quartier de Wola, vers le pont Kierbedz. Ce qui divisa les régions contrôlées par les forces de L’Armée de l’Intérieur. Particulièrement dans le quartier Wola, ou les forces allemandes ont perpétré des exactions massives sur la population civile dans les régions occupées, (approximativement 25 à 30,000 personnes exécutées en peloton d'exécution). Les régions contrôlées par les insurgés se scindèrent en trois au cours de la bataille:
|
La région du nord comprenant les cimetières, le ghetto juif de l’époque, la Vieille Ville, le quartier de Zoliborz et les forêts au nord de Varsovie;
|
|
La région du centre de ville (Sródmiescie) avec deux quartiers donnant sur la rivière - Powisle et Czerniaków;
|
|
La région du sud–le quartiers de Mokotów et de Sadyba et les détachements de L’Armée de l’Intérieur dans les forêts au sud de Varsovie;
|
Dés les premiers jours du Soulèvement, une forme de normalité de substitution s’est mise en place pour assurer le quotidien - avec un système de distribution de la nourriture, et un service postal assuré par les scouts. La station de radio insurgée Blyskawica "Éclairer" inaugura ses émissions le 8 août.
Pendant ce temps, les Allemands ont systématiquement renforcé leurs armées à Varsovie avec le Général SS Erich von dem Bach Zalewski qui pris en charge la répression du soulèvement. Le 20 août, ses forces ont été augmentées approximativement de 25,000 hommes. Périodiquement, des détachements de trois divisions de panzer–les 25e, les 19e et les «Divisions Hermann Goering»–sont entrée en action. En plus des bombardiers, les Allemands ont utilisé des nombreuses sous unités de sapeurs, les mines autopropulsées "Goliath", des conteneurs explosifs utilisés pour démolir des fortifications, des dispositifs de lancement de fusée et enfin la plus lourde des artilleries (avec notamment les mortiers "Karl"de 600mm).
Le dernier siège de la résistance est tombé dans le quartier de Ochota le 11 août, simultanément les forces de l'Armée de l’Intérieur furent expulsées hors du quartier de Wola. Le 19 août, les Allemands lancèrent un assaut massif sur la Vieille Ville. L’Armée de l’Intérieur a fait deux tentatives vaines, le 20 et 22 août, pour percer les redoutes allemandes, sur le territoire ouvert qui sépare la Vieille Ville du quartier Zoliborz. 400 morts et blessés furent comptabilisés. Les détachements insurgés étaient beaucoup plus efficaces dans les zones aménagés, ce qui compensait dans une certaine mesure la supériorité matériels allemands. Les plus grands succès de l’insurrection, courant août, fûrent les prises de la forteresse allemande retranchée dans le bâtiment de la Compagnie du Téléphone polonais (PAST -a) sur la rue Zielna le 20 août, et le centre de police dans la rue Krakowskie Przedmiescie ainsi que la station du téléphone 11 rue Piusa XI, le 23 août.
Déjà en août les insurgés exploitaient largement le réseau des canaux d'égout pour communiquer sous les régions contrôlées par l’ennemi. Ainsi, lorsque le combat pour la Vieille Ville diminua le 2 août, la plupart des défenseurs fuirent par ces canaux 4 500 au centre ville et 800 à Zoliborz.
Les forces insurgées ont été supportées par un appui aérien commencé dans la nuit du 4 à 5 août 1944. La RAF réalisa un total de 116 sorties, l'armée de l'air polonaise – 97. Les pertes pendant ces missions étaient considérables: la RAF perdit 19 avions, les Polonais 15 soit juste 16% et 15% respectivement. Les plans des vols allers et retours des Forteresses Volantes Américaines avec des haltes pour ravitailler et décoller des bases soviétiques derrière le Front de l'Est, ont été neutralisés par ces derniers.
Jusqu'au 10 septembre 1944, les armées soviétiques massées à quelques kilomètres à peine à l'extérieur de Varsovie sont restées complètement impassibles, laissant à la Luftwaffe un espace aérien totalement libre pour détruire en toute impunité la ville. La propagande soviétique a décrit le soulèvement comme un conflit qui perturbait des opérations de l'Armée Rouge.
Entre le 3 et 6 septembre, les Allemands ont poussé les insurgés hors de Powisle, et la lutte pour Czerniaków commença le 12 septembre. C’est seulement le 10 septembre que les Russes ont commencé à entamer des actions contre les Allemands dans la région de Varsovie. Quelques provisions étaient larguées des airs et les avions de combat soviétiques ont commencé à chasser des bombardiers allemands du ciel de Varsovie. Ce qui a persuadé la direction de l’Armée de L’Intérieur de cesser les négociations initiées par la capitulation. Dans les circonstances dominantes, l'aide soviétique sans enthousiasme vis-à-vis du soulèvement était soutenu parce que cette lutte affaiblissait les Allemands et les Polonais à l’avantage seulement des Soviétiques.
Dans la période du 13 au 15 septembre, les armées soviétiques associées à des détachements subordonnés de la Première Armée Polonaise, expulsèrent les Allemands hors de la rive droite de la ville. Après une longue période d'attente du consentement soviétique, une opération de frappe aérienne constituée par 107 Forteresses Volantes Américaines a alors débarqué en Ukraine le 18 septembre. Entre le 16 et 19 septembre, les premiers détachements de l'Armée polonaise assurèrent des atterrissages sur plusieurs sites de la rive gauche de Varsovie (dans Czerniaków, Powisle et Zoliborz) mais en raison d’un support russe inadéquat, ces têtes de pont étaient intenables. Les derniers groupes d'insurgés de l’Armée de L’Intérieur et les soldats de la Première Armée Polonaise luttèrent à Czerniaków le 23 septembre (quelques-uns d’entre eux réussirent à s'échapper par les égouts ou en arrière, à travers la Vistule). Les Allemands qui obtinrent le contrôle des bas quartiers de Sadyba et Sielce dans la partie sud de la ville, engagèrent une offensive le 24 septembre pour réprimer les insurgés dans la région Mokotów. Son évacuation par les égouts a été décidée le 26 septembre. Un jour plus tard, les derniers défenseurs capitulèrent. Une forte attaque allemande contre Zoliborz commença le 29 septembre (principalement avec la 19e Division Panzer) et menèrent à la capitulation de ce quartier, le jour suivant.
Les deux mois de lutte pour Varsovie furent un supplice terrible pour les habitants de la ville, surtout pour ces centaines de milliers de civils qui cherchaient refuge dans les caves. Les dizaines de milliers de morts et blessés, les maladies, le manque d'eau et la faim constituaient la réalité des dernières semaines de la Varsovie insurgée. Le 1er octobre 1944, face à une défaite inévitable, le Commandant en chef de l’Armée de L’Intérieur le Général Tadeusz Bór-Komorowski qui était aussi depuis le 30 septembre le Commandant en chef des Forces Armées Polonaises, nomma son successeur de la résistance clandestine Polonaise; le Général Leopold Okulicki (pseudonyme "Niedzwiadek")
|
Carte 2:
Varsovie - 1.IX.1944 r.
La place du 1 septembre 1944t:
Les régions de combat du 1er septembre 1944
Source:
Armia Krajowa w Dokumentach, Vol. IV. Londres 1977
|
Un accord de cessez-le-feu fut signé dans la nuit du 2 au 3 octobre à Ozarów prés de Varsovie. Plus de 15 000 insurgés furent envoyés en captivité avec le Général Bór Komorowski. Approximativement 18 000 insurgés ont été tués et 6,000 blessés sérieusement pendant le combat. Aussi, plus de 150,000 civils ont péri des suites des combats. Les Allemands ont perdu approximativement 10 000 individus, morts ou blessés. Après la capitulation, les Allemands ont continués à détruire systématiquement les bâtiments encore debout dans la ville. En janvier 1945, quand l’Armée Rouge repris son offensive, ils avaient déjà démoli 70 pour cent de la ville.
Staline interdit l'aide Allié pour Varsovie levant ainsi son masque et révélant brutalement au monde la vraie nature de sa politique envers la Pologne. En même temps, les 63 jours de bataille pour Varsovie, en dépit de la défaite militaire, ont prouvé la volonté des Polonais de lutter pour la souveraineté de leur propre état. L'allocution adressée au Conseil de l’Unité Nationale (RJN) et le Conseil Intérieur des Ministres (KRM) a été adressé sur ce thème à la nation polonaise le 3 octobre 1944 : "Le Soulèvement de Varsovie a encore mis la question polonaise sur le devant de la scène du monde lors de la phase définitive de la guerre, pas comme un problème de marchandage de coulisse diplomatique, mais comme une question concernant une grande nation, la lutte sanglante et sans concession pour la liberté, l’unité et la justice sociale des peuples et des nations, pour les principes nobles de la Charte Atlantique, pour tout ce pourquoi la meilleure partie du monde lutte aujourd'hui.